Je t’aime Albert,
Avait dit Bukowski bien avant toi,
D’ailleurs si Bukowski était encore en vie,
Je me marierais avec lui plutôt qu’avec toi,
Si Bukowski était encore en vie,
Je le rejoindrais dans sa maison de San Pedro, Californie,
Je lui demanderais sa main,
Sa main qu’il avait petite et douce et souple à ce qu’il prétendait,
Si Bukowski était encore en vie,
Je m’agenouillerais entre ses cuisses de varices striées,
Je lui ferais ce qu’il convient de faire à un vieux dégueulasse,
Puis je l’essuierais,
Je le reculotterais,
Je peignerais ses vieux cheveux tout gras,
Je moucherais son nez infecté,
Je rangerais les papiers jonchés à terre,
Tous les poèmes de plus en plus petits, je les classerais,
Je ferais couler un bain tiède,
Je le laverais,
Je baignerais sa peau usée,
Je l’épongerais,
Je le torcherais comme un nourrisson,
Je l’habillerais en vêtements du dimanche,
Si Bukowski était encore en vie,
Je l’emmènerais aux confins de la ville,
Je le déposerais en terre dans le vieux cimetière qui surplombe la mer,
Je regarderais son visage une dernière fois,
Son visage de corbeau,
Son visage malheureux, impassible, serein,
Son visage retrouvé,
Si Bukowski était encore en vie,
Puis je repartirai main dans la main avec moi-même,
Ensuite je cueillerai trois narcisses,
Un pour moi,
Un pour l’âme du vieux salopard,
Un autre pour le vent,
Enfin,
Prenant conscience de la puissance de la vie,
Je commencerai à penser à ma mort.
Buk est vivant, en fait, mais de l'Autre Côté. Vivant et en forme.
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