DES FAUVES

Commande possible de mon premier roman DES FAUVES édité chez Kirographaires.

Exemplaire numéroté et dédicacé par bibi.

Cliquez ci-dessous :


http://edkiro.fr/des-fauves.html

mardi 10 janvier 2012

La femme nouvelle et le pus

 La femme se tourna vers lui et tira sur la petite boucle. Sous son peignoir, la peau de la femme pourpre rutilait, pulsait de vibrations semblables à celles d’un poing maintenu fermé. Elle murmura "vois et pardonne", sembla scruter à travers lui...

Mais aussi le monde juste derrière lui...Attention… Du pus suintait de ses blessures. Il pressa les fibres roses autour d’une écorchure sur son mollet droit, serra les dents. Il maintint sa pression et regarda l’écoulement épais, brun et strié de cuivre, comme un vers. Il ne voulait pas savoir comment il se sentait… Juste envisager son changement… Le pus roulant comme une rivière… Ses nerfs qui étaient des fils barbelés et grignotaient et s’enroulaient dans les recoins les plus pourris de ses cent et quelques kilos, envoyaient des décharges de douleur abominables de ses dents à ses tempes… Ses dents… Le côté droit de son corps qui se désagrégeait… Et la jeune femme semblait fixer la verrue sur son pouce droit... Il plia son doigt et le tint serré contre sa paume, rougit légèrement... Les tétons au bout des seins de la jeune femme se bandèrent... Combien d’années qu’ils ne s’étaient pas vus ? Chacun cultivant de son côté sa haine glaciale du genre humain… Aucun des deux ne soupçonnant les pensées profondes de l’autre… La symétrie de tout cela… Il se rappela qu’elle n’avait que 17 ans à l’époque… Qu’elle semblait si naturellement vivante... Si prête à tout pour le rester… Et lui n’avait rien obtenu que ces plaies sur le côté droit… Des ornières de pus et quelques années de réconfort auprès de femmes escarres… L’adolescente fit rebondir ses yeux verts pâles entre ses jambes... Elle répéta "vois et pardonne"… Sa voix ne lui rappelait rien... Sa voix tintait dans le vide...



°°°






Harry était coupé en deux. On l’avait sectionné à l’horizontal au niveau du bassin. Son tronc et sa minuscule tête avaient plongé dans l’obscurité tandis que ses jambes continuaient de ramper vers le rectangle blanc lumineux. Harry se trouvait pour l’instant dans un carré vert émeraude. On distinguait des taches et des traînées dorées qui auraient pu être des éclats d’obus.

Harry était coupé en deux dans le sens vertical mais son cerveau fonctionnait à merveille. Dans sa main droite, il tenait une réplique de grenade. Harry se cramponnait au mur de briques derrière lui.

Attendait.
Gobait des pilules d'Effexor en attendant.

Harry rampait dans une flaque de boue, en direction d’un rectangle blanc lumineux. Il était habillé en soldat mais ne participait à aucune guerre. Quelque-chose grimpait en lui ; une tristesse, une appréhension, une impatience, un foutu enthousiasme. Il fermait les yeux et reniflait la boue.

Harry planta son drapeau sous le regard de Betty. Dans le rectangle bleu marine, il ne restait plus que le tronc de Harry, armé d’un Famas gigantesque, surveillant la bannière imposante et stoïque. Betty se demandait sincèrement à quoi cela rimait ; une vie, comme ça.

Betty avait été démembrée par une sorte d’explosion philosophique qui avait aussi retroussé sa jupe et déchiqueté sa culotte. Betty regardait vers le bas, ses yeux étaient pleins d’étincelles chromées, ses cheveux peints en bleu. Au-dessus d’elle, la toile du ciel était déchirée. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire